Chapitre 1
Samuel - Pensées farfelues et changements inattendus
Je suis assis sur la chaise longue, les yeux clos. J’entends mon frère crier au loin, probablement aspergé d’eau salée par mon père. Mon œil gauche s’ouvre à moitié et ensuite se referme. Monica tient une plante dans sa main et salue Ross qui est au loin. Je décide de les ouvrir complètement et suis subitement frappé par la lumière intense de l’étoile qui demeure dans le ciel. Je me demande si c’est possible que le Soleil s’effondre dans l’espace... Je me dis que je poserai une question à propos de ce sujet quand l’école recommencera, en sciences. Maintenant, on est en vacances. À ce moment-là, tout devient obscure, mais s’illumine tout de suite après. Je me lève de la chaise où j’étais allongé et, ensuite, aperçois plusieurs objets méconnaissables de taille minuscule qui proviennent de la mer, donc défiant la gravité. Si elle existe, en fait… Un requin bondit de l’eau et ainsi y retombe.
Maman: Sam, où vas-tu?
Moi: En Australie.
Ma mère me fixe du regard. Elle porte des habits de neige et des morceaux de glace qui étaient en suspension dans l’air se dirigent sur le nez de maman.
Maman: Je parle sérieusement.
Moi: Je vais m’asseoir sur le sable, proche de papa et Rik.
Maman: D’accord. Dis-moi si tu prétends t’éloigner, c’est compris?
Maman pivote son cou et celui-ci s’envole en chantant, même s’il n’a pas de bouche (pourtant, sa tête demeure où elle se situait).
Je fais demi-tour et réponds à ma mère avec un “oui” avec une touche de nervosité, mais je ne m’en soucie pas.
Je continue à m’avancer, ignorant une auto qui roule à toute vitesse. Des graines de melon d’eau s’échappent de la voiture (de je ne sais où) et des fleurs décorent l’automobile. Ou quelque chose qui ressemble à des fleurs… Le véhicule s’envole dans les airs (en fait, je ne sais pas si c’est de l’air et je pense que je ne respire pas) et, uniquement quelques minutes postérieurement, des ailes équiperont l’auto volante.
Parvenu à environ trois mètres de l’eau de la mer, claire comme un diamant, je m’installe par terre et scrute le ciel. Après quelques instants, j’entame l’excavation d’un trou. Le sable n’est pas trop sec ni trop mouillé, mais de l’eau résiste dans le fond du creux. Quand la profondeur de la cavité se rend jusqu’à mes genoux, un crabe progresse vers moi. Il a deux pattes et n’a pas de pinces; ses yeux sont sur sa carapace, ce qui fait qu’il voit le ciel plus que rien d’autre. Il rigole un peu. Je trouve cela un tantinet terrifiant…
Je dois actuellement entrer ma tête au complet dans le fossé. Mon but est qu’il arrive à ma ceinture. J’y suis presque! Pendant la 80 millièmes fois que j’extirpe le sable trempé du sol, j’entends des sons. Ils sont très faibles au début, donc je n’y pense pas. Mais, bizarrement, il résonne dans mon cerveau. Et là, à chaque fois que je m’abaisse, j’entends le son de façon plus claire. Toutefois, son volume n’a pas changé. Je ne sais pas comment le décrire; une fois, j’imagine que c’est un cri, une autre fois c’est semblable à une appellation. Ensuite, je pense entendre des mots, mais je me confonds tout de suite après et je perds le fil.
///
Mon alarme sonne. Je vérifie l’heure qui est affichée sur l’horloge, tout en sachant qu’il est 7 h 35, parce que c’est à cette heure que j’ai programmé mon réveil-matin qui n’a aucune sympathie pour moi. Je me dis que je fermerai mes yeux pour une minute et me lèverai pour débuter la journée. Je vous préviens: une minute se dissipe très, très diligemment. Je me lève avec les yeux encore fermés et allume la lumière de ma chambre. Je grogne; l’ampoule est très puissante, car on vient tout juste de la changer. Après avoir fini de me préparer, je descends dans la cuisine, où ma mère concocte le déjeuner. Mon frère est déjà assis à la table et m’attends impatiemment.
Frederik: T’étais où? Je t’attends depuis des heures!
Moi: Heum, tu t’es réveillé pour m’attendre?
Frederik: Haha, très drôle.
Rik inhale la nourriture. Je me demande pourquoi il est si pressé.
Moi: Pourquoi tu veux vraiment te dépêcher? T’as quelque chose à faire?
Frederik: Oui, j’ai rendez-vous avec Noa.
Moi: Pourquoi?
Frederik: Projet de design.
Je balance ma tête pour prouver que j’ai compris. Au moment de partir, Frederik crie du garage:
Bye, on part! Je vous rappelle que je ne serai pas ici ce soir!
Papa: J’ai oublié; tu vas aller où?
Frederik: Souper chez France!
Papa et maman: ‘K. Bye!
Nous décampons en marchant d’un pas rapide. Je reçois un message de la part d’un ami:
- Sohan: dude, gab sera pas là ajd
Je lui réponds:
- Pk?
- jsp, il ma pas repondu
- ah k
Je range mon téléphone et rattrape mon frère qui a pris de l’avance. Il regarde fermement en avant et son pas s’est accéléré. Cela m’énerve un peu, car mes jambes ne sont pas aussi grandes que les siennes et il faut que je fasse un petit sprint à chaque fois qu’il me devance. Mon téléphone vibre dans ma poche. Cette fois-ci, je décide de l’ignorer.
Frederik s’enfuit (pratiquement) rendu à la porte de l’école. Il tourne à droite pour aller droit vers son Cégep. Il ne me salue même pas! Pff, quelle ignorance.
Il est 8 h 40. J’ai le choix entre demeurer dans la cour et devoir me hâter pour arriver à temps au début des cours ou rentrer maintenant et bavarder avec mes amis. Je choisis la deuxième option. Si ce n’était pas pour mes amis, la première sélection serait la gagnante. Je vois ceux-ci au loin, sur une table, à la grande salle. Je fais un signe de la main, en espérant qu’un d’eux me le fasse en retour. Oh… non… Je pense que mes amis ne m’ont pas vu. Je regarde aux alentours (en m’efforçant d’être subtile, bien sûr) pour être certain que personne ne m’a remarqué. Tout le monde semble occupé. Je jette un autre regard vers mes camarades; ils sont en train de rire comme des fous. Pour être honnête, un peu de jalousie m’envahit. Je n’ai pas de problème qu’ils rient, mais j’aimerais bien que je sois là à ces moments-là… Je pousse cette pensée dans le fond de ma tête. Arrivé à mon casier, je manipule mon cadenas (j’ai du refaire le code trois fois…) et y dépose mon sac. Je saisis mon matériel pour le prochain cours. J’ai ECR, avec Madame Bongani. Une feuille me tombe dessus avec une écriture différente inscrite dessus. Aucune idée d’où elle vient. Je la lis:
Cher Samuel,
J’aimerais que tu saches que… je t’aime. Tu es magnifique, intelligent et j’aime tes cheveux. Je te demanderai en mariage quand tu sauras qui je suis. Je t’attendrai toujours, ne t’inquiète pas! Je ne te laisserai pas tomber. Je t’aime de tout mon cœur!
Admiratrice inconnue, xoxo
Mes yeux sont gros comme des balles d’un jeu de quilles. Je sens mon visage devenir tout chaud. Je range la lettre dans la poche de mon pull d’école et ferme mon casier brusquement.
DING-DONG-DING-DONG-DIIIIIIIIINNNNGGGGG
La cloche sonne, ce qui me fait sursauter. Ça a l’air qu’elle est hystérique! Agh… J’aurai pas de temps pour parler avec mes amis! En regardant ma montre, j’aperçois que j’ai trois minutes. Ça devrait suffire. Je me dirige vers mes complices.
Moi: Allô, guys!
Sohan: ‘Sup, bro? Ça va?
Moi: Ouais, toi?
Sohan: Ahan.
Babacar: Man, t’as vu ma story sur insta?
Moi: Non, ça parle de quoi?
Babacar: J’essayais un de ces vidéos de Tik Tok.
Mes yeux s’élargissent.
Moi: Tik Tok? Ça vient d’où, ça? Son inventeur s’est inspiré des Tics Tacs?
Babacar: Haha, non. C’est une application. Tu t’es pas mis à jour?
Mis à jour? Qu'est-ce qu’il veut bien dire avec cela?
Moi: Euh…
Sohan: Faut que tu sois plus en mode, mon ami! Sinon tu vas être en retard avec tout et tu seras nommé le retardé.
Moi: Ok?
Je suis un peu confus, car il ne m’ont jamais dit cela avant, et je ne m’en souviens point de leur volonté d’être « en mode ».
Jeremy: Yo, by the way, j’ai quelque chose ce midi, j’serai pas là.
Kewan: T’as quoi?
Jeremy: Basket.
Moi: Depuis quand tu joues au basket?
Jeremy: Mat m’a invité dans le team. On va jouer c’midi.
Moi: Mat? Tu veux dire Mathias?
Jeremy: Ouais. Il est super cool! J’aimerais bien que tu joignes l’équipe, mais je ne pense pas qu’il veuille. De toute façon, t’es pas si bon que ça.
Mat? Le fait de nommer son nom me donne mal au cœur (désolé Mathias, mais c’est vrai). Je le déteste, ce garçon! Il se pense le meilleur, le supérieur des supérieurs. Il est dans la bande des populaires. Et, comment Jeremy est devenu son meilleur ami? De plus, il ne m’a jamais vu jouer, donc je ne sais pas pourquoi il m’a traité comme cela. Je suis tout seul avec mes pensées quand la deuxième cloche sonne.
Moi (en chuchotant): Oh. Non…
J’ai quelques secondes pour me rendre en classe. La surveillante me surprend et me presse d’accélérer. J’arrive à temps, Dieu merci… La plupart des étudiants me dévisagent. C’est embarrassant, dans ces situations… J’ai l’impression qu’ils me jugent. Je suis l’unique personne qui manque. Mon professeur me dit de m’asseoir; sa voix revêt un ton taciturne. Le cours se produit normalement, avec les discours ennuyeux de l’enseignant et la constante implication des élèves de la G. P. (gang des populaires). Je m’engage à me rappeler de la nuit précédente. Qu’ai-je rêvé…? Des souvenirs de maman en costume de neige, de requin et de voiture navigante me viennent en tête. Je me souviens, en partie, de la section à propos de la voiture: des semences de melon d’eau volent dans le ciel et un bolide s’active de manière plus fervente. L’affaire est que… Je n’ai pas arrêter d’aller de l’avant pendant cette scène. Je n’ai pas tourné mon cou pour contempler ce spectacle. J’ai fait comme si de rien n’était. Comme ai-je pu observer ce déroulement? De plus, subséquemment à cet événement, j’ai poursuivi mon chemin, pour ensuite me stationner par terre. J’étais rendu à trois mètres de l’eau turquoise; comment ai-je su combien de mètres me séparaient du bord? Quel rêve bizarre et étonnant! Mais, vous savez, c’est normal, non? J’en rêve depuis toujours, ce genre d’onirisme! Ma réflexion tire à sa fin pour, par la suite, en démarrer une autre. Un son faible parvient dans mon cerveau. C’est un déjà-vu, je suis convaincu que je l’ai déjà ouïs. Je cherche, je cherche et je cherche sans arrêt. Pas de résultat…
Mme Bongani: … page 45 à 49 et le questionnaire à remplir.
Oups. J’étais dans la lune… Je questionne mon camarade à mes côtés.
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Toute notre bande de garçons meuvent leurs jambes pour suivre le trajet qui nous apporte à l’arrêt de l’autobus.
Moi: Pourquoi Gab n’était pas là?
Sohan: Rendez-vous ortho.
Moi: Toute la journée? Ça prend pas 8 heures pour un ortho, t'sais…
Sohan braque ses yeux sur mon visage.
Babacar: T’es ben exigeant!
Moi: C’est pas exigeant, ça. Je DEMANDE.
Jeremy: Wo! Du calme! Baba a raison.
Je ne sais pas quoi dire. Je me sens solitaire, car personne n’est sur mon côté, semble-t-il. Ahh, je dois exagérer.
Moi: Donc…?
Sohan: Sa mère lui a permis de rester chez lui.
Moi: Ah, ‘k.
Je ne sais pas pourquoi les parents autorisent leurs enfants à manquer de l’école seulement parce qu’ils en ont envie. Cependant, avec Gabriel, cela se produit assidûment. Pour rien au monde il nous l’aurait dit. J’ai l’impression qu’il occulte un mystère…
Kewan montre une vidéo du logiciel Tik Tok à Sohan, Babacar, Benjamin et Kevin. Quand je penche ma tête pour y jeter un regard, Kewan vire son téléphone pour m’empêcher de voir et Babacar me lance un regard de dégoût. Pour ne pas faire voir mon visage de surprise et de déception, je pivote ma tête pour regarder ailleurs. Je ne m’aperçois pas qu’ils me dépassent. Au loin, des ricanements et des enjouements résonnent. Mon nom, Samuel Nagyova, se fait entendre multiples fois. Ils font exprès de ne pas être subtiles; quelques-uns pivotent leur tête en ma direction. Je n’ai qu’une envie: partir d’ici au plus vite et m’éloigner de ses inconnus que je connaissais si bien…
*Il n’y aura rien de romantique dans cette histoire, je vous assure!*
Isadora Mota Pinheiro
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