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À compétence égale, un salaire égal

2,83$: voici ce qu’un homme gagne de plus par heure en effectuant les mêmes tâches que ses collègues féminins, selon un rapport publié par l’Institut québécois des statistiques ce 8 mars 2021. Auprès des entreprises de 200 employés et plus, le salaire horaire moyen des femmes occupant un emploi de formation universitaire est de 42,30 $ par heure. Toutefois, leurs homologues masculins gagnent 45,13 $ par heure.


Une femme ayant un emploi exigeant un baccalauréat gagne donc, en moyenne, 93,7% du salaire que reçoit son pair masculin au Québec.

Vous pouvez argumenter qu’il ne s’agit pas d’un grand écart, et vous avez raison. Il s’agit plutôt d’un écart inacceptable: il ne devrait même pas exister. Puis, faisons les calculs si cette somme vous semble insignifiante: 40 heures par semaine, 50 semaines, il s’agit d’un standard. Donc, annuellement, une femme recevrait un salaire brut de 84 600$. Un homme, 90 260$.


Pourtant, quand deux employés travaillent dans la même firme, possèdent la même formation et effectuent les mêmes tâches, ils doivent jouir d’un salaire égal, n’est-ce pas? Selon moi, il s’agit d’une conclusion basée sur une logique infaillible.


En fait, la parité salariale est non seulement un concept que soutiennent ceux qui disposent d’un minimum de rationalité: il s'agit d’une composante vitale à notre démocratie. En effet, l’article 28 de la Charte canadienne des droits et libertés garantit l’égalité des sexes au Canada. Quant au Québec, la loi sur l’égalité salariale, en vigueur depuis 1996, annonce clairement la position que devraient adopter les habitants de notre province. Alors pourquoi, en moyenne, un fossé de 5 660$ sépare les professionnelles de leurs collègues masculins?


Mais ce n’est pas tout: les chiffres figurant dans le rapport ‘’Les femmes et le travail rémunéré'', diffusé sur Statistique Canada en 2017, confirment l’existence d’un ‘’plafond de verre’’ à l’échelle nationale. Ce terme (de l’anglais glass ceiling) fait référence au fait que des positions hiérarchiquement supérieures (soit celles qui fournissent un revenu plus grand) sont souvent fermées à des groupes de personnes vulnérables, comme des minorités ethniques ou raciales ainsi que les femmes.

Effectivement, 25,6 % des cadres supérieurs dans le secteur privé étaient des femmes en 2015. Puis, les femmes touchent en moyenne 0,87 $ pour chaque dollar gagné par les hommes.

’’Cette disparité est principalement attribuable à l’inégalité salariale entre les hommes et les femmes qui occupent une même profession’’, explique le rapport de Statistiques Canada.


Avouons-le: les positions offrant pouvoir et argent étaient historiquement occupées par des hommes, et elles le demeurent encore, en majorité. Cette dynamique se construisant à travers les siècles, il est farfelu d’espérer qu’on réussira à l’équilibrer en un clin d'œil.

Cependant, c’est là la véritable tragédie de la politique québécoise: au sein des discussions concernant les droits de femmes, le sujet vedette est ce que certaines femmes doivent cesser de porter pour, évidemment, leur bien, et non le manque révoltant de parité salariale. Je suis d’avis qu’il faut lever le voile sur cette injustice flagrante, qui, heureusement, s’amincit au fil des décennies. Or, c’est à nous de continuer ce marathon.


Anna Prykhodko


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